mercredi 8 août 2012

Parler de Parentalité avec Delphine DELECOURT




Parler de parentalité

Présentation :

Cette page présente une partie de l'article de Delphine DELECOURT ("Essai de conceptualisation du terme Parentalité") sur Parler de la parentalité : la famille, les parents, la parentalité, la parentalisation.




Le glissement permanent qui s'opère entre famille, parent et parentalité permet de prétendre aussi aisément que ce terme est intégré depuis bien longtemps dans le champ social.
Il a acquis dans notre vocabulaire une place, mais est-il vraiment défini ? En quoi le terme de parentalité, rend compte des modifications et des représentations de l'évolution des mœurs ?

Tout champ d'intervention (que ce soit la psychologie, la pédagogie, le juridique, la sociologie, etc…) a son vocabulaire, ses mots privilégiés qui valident des pratiques et des représentations.
Les modifications de la terminologie observée par les psychologues, les acteurs sociaux, dans le domaine des relations parents- enfants sont à prendre en compte car elles traduisent nos changements de perspective, les changements de jugement que nous portons sur les parents et les familles.
Ces modifications linguistiques et sémantiques traduisent également la capacité de notre société à accepter les mutations et les transformations des structures sociales liées à la famille.

Il semblerait, que le recours à cette notion nouvelle « la parentalité » révèle une demande, un besoin, bref une évolution qui traduit les préoccupations sociétales face à une fonction parentale aujourd'hui souvent malmenée, alors qu'apparaissent de nouvelles configurations familiales (monoparentalité, homoparentalité, familles recomposées…)

En soi, ce terme de parentalité est difficile à cerner. Pourtant, son opérationnalité dans le suivi des actions auprès des enfants et des parents est bien réelle.

La notion de parentalité participe certainement à un assouplissement de postures idéologiques. La parentalité en tant que notion n'est pas stigmatisante et ne témoigne pas d'un jugement moral.
Etant moins prégnante, nous pouvons avancer l'idée que la parentalité est l'ensemble des façons de vivre le fait d'être parent.

Etre parent conjugue des réalités biologiques, des dimensions juridiques fondant la filiation et par là permettant l'inscription de l'enfant dans le corps social et la prise en charge quotidienne qui se traduit en de nombreuses activités de soin, d'éducation, etc. Quand ces trois réalités sont assurées par un homme et une femme cohabitant sans trop de conflits, la question de la nature de la parentalité, la distinction entre ses attributs fondamentaux et secondaires, apparaît de peu d'enjeu ; il n'en est évidemment pas de même dès lors que ces diverses dimensions sont partagées entre des personnes ou des instances différentes.
Depuis fort longtemps, les enfants sont élevés dans des groupes familiaux par des membres de leur parenté reliés à eux par des liens de filiation, d'alliance et de corésidence. La responsabilité d'élever les enfants relavait alors exclusivement des parents et de leur entourage avant d'être partagée avec les prêtres, puis avec les enseignants.

Les réformes récentes du Code de la famille et la rénovation des lois sociales de 1975 réaffirment la primauté de la famille dans notre organisation de la société. En reconnaissant l'évolution de la famille sous diverses formes, le législateur a tenu à renforcer sa place en multipliant les soutiens à la fonction parentale.

La parentalité privilégie une perception dynamique qui minimise la statique. On ne naît pas parents on le devient et on le demeure, pour autant qu'on assume convenablement cette fonction.
Il n'est plus question de mauvais ou de bons parents mais de fonction parentale, de compétence parentale, de qualification ou de ressources parentales.
Cette notion de parentalité permet d'admettre que puissent émerger des défaillances personnelles liées au contexte de l'emploi et de l'environnement par exemple. Il nous oblige à être plus souple et plus respectueux des autres.
Il se peut que cette notion de parentalité passe d'une logique d'aide à une logique de partenariat.

En effet, la démarche spécifique qui met en valeur la parentalité est soutenante et accompagnante. Elle s'appuie sur une logique de partenariat où les parents sont responsabilisés.
On finit par ne plus distinguer ce que les parents sont ou peuvent être.
Quand nous travaillons sur la parentalité, nous faisons en sorte, nous faisons en sorte que les parents se réapproprient leur fonction parentale.
Quant à la parentalisation, voire de reparentalisation, elle sert à caractériser les différentes stratégies de soutien et de renforcement de la parentalité ordinaire ourdies par des groupements spécialisés et, depuis peu, par les pouvoirs publics.

Enfin, d'autres utilisent également le mot parentalisme comme pour inscrire ce type d'action publique dans la philosophie politique.

La référence à la parentalité, en dehors de son cadre clinique, provoque des distorsions, des résistances dans l'ensemble des disciplines qui aujourd'hui l'utilisent. Pour autant, sa consécration et sa vulgarisation ont été largement assurés par son apparition dans le discours politique, avec les craintes légitimes des professionnels de voir ce concept promu au rang d'explication globale et définitive pour l'ensemble des dysfonctionnements sociaux.


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